Les hypertypes

J’ai déjà parlé des races dans un précédent poste (« La race ») & je vous propose également, de temps à autre, des petites descriptions de race de chien sur mon compte Instagram. Ces petites descriptions ont pour but de vous informer sur les besoins spécifiques de la race notamment. 

Cette fois, je voudrais vous parler des « hypertypes ».

Kézako ? 

« C’est l’accentuation à l’extrême de traits distinctifs propres à certaines races animales domestiques », cela concerne nos chiens, chats, NAC (nouveaux animaux de compagnies), les chevaux, etc. Ces accentuations entraînent donc une modification importante de la morphologie de l’animal. Dans la majorité des cas, ces modifications n’ont qu’un but esthétique… Il s’agit finalement de dérives, entraînant des problèmes de santé chez nos animaux.

Des yeux globuleux, des nez écrasés, de nombreux plis de peau, de petites têtes bien rondes, des arrière-trains affaissés… Aujourd’hui de nombreux animaux souffres de ses dérives. Une souffrance partagée puisque les propriétaires doivent faire face aux problèmes de santé de leurs compagnons. 

Derrière ces critères de « beauté », il y a de nombreux problèmes. Des problèmes morphologiques, anatomiques entraînant des problèmes physiologiques, mais aussi comportementales.

Avoir un animal « hors du commun », être attendri par la tête bien ronde et « mignonne », avoir un modèle miniature ou à l’averse, avoir un géant… Autant de raison pour jouer aux apprentis sorciers avec la nature…

De nombreux vétérinaires tirent la sonnette d’alarme face à ces problématiques. En Norvège et de façon plus radicale, ils ont interdit l’élevage du Cavalier king Charles et du Bouledogue anglais en janvier 2022.

Quels sont les problèmes ?

Brachycéphales

Chez le chien

Les races dites brachycéphales, sont reconnaissable avec leurs faces aplaties. Nous pouvons citer le carlin, le bouledogue français, Shih-Tzu, Dogue de Bordeaux, Chow-Chow, Shar-Pei etc.

Chez le chat

Le Persan, l’Exotic Shorthair, le Himalayen

De par leurs faces écrasées, une des problématiques concerne le système respiratoire. Ce qui entraîne donc des difficultés respiratoires, une fatigue cardiaque (de par la mauvaise oxygénation du corps et de ses organes), de l’essoufflement, une mauvaise gestion et résistance à la chaleur (donc sujet au coup de chaleur), des problèmes gastriques…

La néoténie

Des chiens dit néoténiques, ont une apparence juvénile, comme d’éternel bébé. Une petite tête ronde, de grands yeux tels que le Cavalier king Charles. De nombreux cavaliers sont victimes de syringomyélie : une maladie de la moelle épinière engendrée par la réduction de leur boîte crânienne. 

« La queue en tire-bouchon »

Que l’on retrouve notamment chez le Carlin, entraîne des difficultés au niveau du dos, de la colonne vertébrale. Ces chiens sont souvent victimes de scolioses.

Les plis de peau

Ici, nous pouvons évoquer le Shar-pei (mais d’autres comme le Carlin, le Bouledogue français ou anglais). Beaucoup de plis de peau créant des fragilités cutanées : eczéma, allergies, la mucinose, les pyodermites, la démodécie ou la dermatite atopique canine.. De par les plis, la peau s’irrite et s’infecte rapidement.

Je pourrai également parler des longues oreilles, des races naines ou géantes, des problèmes de reproductions, des problèmes oculaires…

Pour pousser des traits à l’extrême et les préserver, nous ne pouvons pas ignorer la consanguinité rapproché (« close-breeding ») qui peut être pratiqué. Au-delà de l’obtention de traits spécifique, la consanguinité peut avoir de nombreuses conséquences : augmentation de tares et malformations congénitales, maladies génétiques, fragilité du système immunitaire…

Ce qu’il faut retenir…

Heureusement, il y a des éleveurs, sérieux, épris de leur profession, qui sont sensibles à la sélection et au bien-être de leurs chiens et chiots !

De plus, pas toutes les races sont concernés par les hypertypes. Mais dernière des races atypiques, dernières des têtes « attendrissantes » se cachent d’autres vérités. Une maltraitance silencieuse et de nombreuses angoisses pour les propriétaires peuvent être évitées. Il ne s’agit pas de faire disparaître ces races. Mais il y a un réel changement dans notre regard sur le Vivant qui doit être mené. Pousser un trait physique à l’extrême, donc, modifier la nature du corps, ne peut pas être sans conséquence.

Notre responsabilité, aujourd’hui, est de nous questionner sur ces dérives, sur nos choix et sur le bien-être de nos compagnons.

Marine

Comportementaliste animalier